Gouren
Nom : Gouren
Lieu de pratique : 
Bretagne
Famille : 
Sous-famille : 
Participant : 
Matériel : 

une « roched »
un « bragou »

Terrain : 

La pratique se réalise sur tapis pour les entraînements et les compétitions d’hiver. En été la pratique de plein air s’effectue, traditionnellement, sur une surface de sciure de bois (non traitée). 

But : 

Projeter son adversaire sur le dos



HISTORIQUE

Les origines

La lutte traditionnelle de Bretagne (Gouren) aurait été importée de Grande Bretagne lors des migrations du 4ème siècle. C'était un sport très prisé et pratiqué par les nobles tout au long du Moyen Age.

Un jeu pour s'entraîner,  se préparer à l'art guerrier, et un moyen de montrer sa bravoure et son adresse lors de tournois. Les qualités premières des guerriers étant, à l’époque, la force et l’adresse,  la pratique de la lutte fait partie de l’entraînement militaire des soldats mais aussi, de la noblesse.

Cette dernière aimait à s’entourer de ces redoutables guerriers (les lutteurs bretons) qui faisaient honneur au duché de Bretagne.  Certains ducs bretons (ex : Pierre II ou Arthur III au XVème S.) venaient rendre hommage au roi français accompagnés de la fine fleur de la lutte Bretonne recrutée pour l’essentiel en Basse Bretagne.

Les aspects spectaculaires et divertissants étaient appréciés si bien que la lutte fut très souvent présente dans les grands cérémonials de l’époque : ainsi en 1505, lors de la tournée d’Anne de Bretagne en son duché, furent organisés à Guingamp (au Cloître des Cordeliers) des combats de Lutte Bretonne.

Une pratique paysanne

Le Gouren se démocratise peu à peu et devient un sport très populaire dans les campagnes. Les paysans s'entraînent au champ après leur journée de labeur.

Le dimanche est  l'occasion de rencontrer les lutteurs des paroisses voisines, et de défendre l'honneur de son village. Un serment était déjà prêté avant chaque tournoi.

Dans la société rurale bretonne, les qualités physiques et morales prédominantes sont celles que l’on retrouve dans la pratique de la lutte mais aussi dans le labeur quotidien : la force, l’adresse et surtout l’honneur sont l’apanage des bons lutteurs et des bons travailleurs.

Après la première guerre mondiale le Gouren commence à perdre un peu de sa notoriété avec l'apparition de nouveaux sports mais reste, néanmoins,  pratiqué.

L’avènement d’un sport moderne

En 1930, un médecin de Quimperlé, le docteur Charles Cotonnec décide de donner un coup de jeune à ce sport. Il crée une première fédération, La FALSAB (Fédération des Amis des Luttes et Sports Athlétiques Bretons) qui adopte un fonctionnement calqué sur le mouvement sportif qui depuis la fin du XIXème Siècle se répand sur le territoire national.

Cotonnec impose un temps de combat, des résultats intermédiaires permettant de gagner le combat à l’issue du temps imposé (auparavant le combat durait jusqu’au Lamm, résultat parfait), une surface de combat limitant les risques de blessures (lice de sciure).

La FALSAB instaure donc une « spatialisation » (lieux dédiés à la pratique sportive) et une « temporalisation » (calendrier de compétitions) de la pratique du Gouren : le Jeu traditionnel devient un sport et « les luttes » (règles orales et disparités de pratique suivant les terroirs) deviennent la Lutte Bretonne (codification, la règle écrite est la même pour tout le monde).

Depuis et après  quelques évolutions, le gouren est devenu un sport moderne (« sportivisation » du Gouren) avec la création de la Fédération de gouren en 1980 qui s’affile à la Fédération française de Lutte en 1995.


DESCRIPTIF

Les compétitions 

Il existe plusieurs formes de compétitions différentes :

  • Compétitions d’hivers, dites « modernes », en salle sur tapis (« pallenn » en breton) : challenges individuels et par équipe, championnats départementaux et de Bretagne.

  • Tournois traditionnels d’été : pratique à l’ancienne (« mod kozh ») par défi où l’enjeu de la compétition peut être le gain d’un bélier (vivant !). Le vainqueur est celui qui arrive à vaincre 3 adversaires consécutivement, ou bien encore tournoi avec appariement par tirage au sort tel qu'en salle en hiver. 

  • Championnats européens réunissant une dizaine de pays européens en style Gouren et Back-Hold (lutte écossaise) tous les ans.

    Le combat de Gouren est, en lui-même, spectaculaire, le but du combat (recherche de la chute sur le dos avant tout autre partie du corps) implique des projections  impressionnantes mais néanmoins  maîtrisées qui confèrent son aspect esthétique à la pratique.

    Le fonctionnement particulier du tournoi à l'ancienne d’été donne des moments sportifs très intéressants ou le lutteur  doit être capable de gérer son effort mais aussi de  se dépasser pour pouvoir emporter le trophée (obtention de 3 victoires consécutives). Suspense assuré !

    Le Gouren est aussi une activité marquée d'identité culturelle : arbitrage, consignes, … en langue bretonne ; c’est une activité intimement liée aux pratiques ludiques des Bretons depuis plusieurs siècles.

    Les rituels

Plusieurs rituels sont des marqueurs identitaires de la pratique du gouren, encore de nos jours.

  • Le serment : Prêté en Breton puis en Français avant chaque compétition, il énonce les valeurs fortes de notre pratique avec le respect (de l’adversaire, de l’arbitre des anciens,…) en point d’orgue.

Le Serment en breton

M’hen tou da c’houren gant lealded
Hep trubarderez na taol fall ebet
Evit ma enor ha hini ma bro
E testeni eus ma gwiriegez
Hag evit heul kiz vad ma zud koz
Kinnig a ran d’am c’henvreur ma dorn ha ma jod.

Sa traduction en français

Je jure de lutter en toute loyauté
Sans traîtrise et sans brutalité
Pour mon honneur et celui de mon pays
En témoignage de ma sincérité
Et pour suivre la coutume
des ancêtres
Je tends à mon adversaire ma main et ma joue.

Le serment, tel qu’il existe aujourd’hui, date des années 30, il est riche en symboles de l’époque (hygiénisme, nationalisme, …), de nos jours, on ne parlera plus de pays mais de son club, de sa commune ou de sa région. D’autres formes de serments ont pu exister avant les années 30, ils étaient souvent empreints de superstitions (« n’emploies –tu pas, contre moi, ni sortilèges, ni sorcelleries, … »).

  • L’accolade : les lutteurs se font l’accolade : ils touchent 3 fois la joue de l’adversaire au débutà la fin du combat.

  • Le dornad ou poignée de main : les lutteurs se serrent la main au début de combat et après chaque chute. La poignée de main engage le combat.

    L'accolade et la poignée de main formalisent l'accord de loyauté.

  • Le tournoi mod kozh ou à l’ancienne (CF. volet compétitions) reprend l’organisation traditionnelle de la compétition. Le lutteur en lice défieses pairs en tournant (sens inverse des aiguilles d’une montre) tout autour de la surface de sciure de bois (de forme ronde) jusqu’à ce qu’un de ses adversaire relève son défi en venant à lui et en lui tapant sur l’épaule. Le vainqueur est celui qui défait 3 adversaires consécutivement.

Les Publics

Actuellement la Fédération de gouren compte plus de 1600 licenciés en son sein (gestion autonome de la pratique).

Toute l’année les adhérents peuvent s’entraîner à la pratique du Gouren dans plus de 40 skoliou (écoles) Gouren répartis sur toute la Bretagne avec une majorité de pratiquants dans le Finistère (environ la moitié des pratiquants dans le Finistère).

La pratique s’est peu à peu ouverte auprès de nouveaux publics : les féminines, les enfants à partir de 4 ans (« babigouren »), les pratiquants loisirs…

Plusieurs milliers de scolaires sont initiés tous les ans à la pratique : par les permanents professionnels de la Fédération ou de ses structures déconcentrées (comités départementaux).

 


BUT DU JEU

Le Gouren est une lutte qui se pratique uniquement debout. Le but est de marquer un Lamm, c'est à dire de projeter son adversaire sur le dos. Les lutteurs accrochent leurs mains à la roched (chemise en langue bretonne) adverse au dessus de la ceinture (celle-ci comprise).

Avec leurs pieds, les lutteurs peuvent faire des balayages, fauchages, barrages ou  klikedoù (enroulés de jambes). Les attaques de jambes se font sous la ceinture.

Lors d'une projection, l'attaquant doit contrôler la chute de son adversaire, pour sa sécurité et pour le résultat. Toute violence est proscrite tant au niveau verbal que physique. Le refus de combat est sanctionné. Le lutteur doit en permanence attaquer, contre-attaquer ou se laisser attaquer.


MATERIEL

Une tenue spécifique, une « roched » chemise de toile épaisse de couleur blanche portant une ceinture se lassant sur le coté. La chemise permet aux lutteurs (ses) de se saisir pour effectuer différentes techniques de lutte.

Les pratiquants sont aussi revêtus du « bragou », pantalon de couleur noire se lassant au dessus du genou et permettant aux lutteurs (ses) d’accrocher le kliked (enroulée de jambe), technique emblématique du gouren. Cette tenue, modernisée, est un héritage du vêtement de travail du paysan breton.

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